C’était une journée chaude et ensoleillée. La première depuis des semaines. C’était également ma première journée de repos depuis plus d’un mois. Et je comptais bien la mettre à profit. Aujourd’hui, j’aimerais faire tout ce que je ne suis pas capable de faire quand j’occupe ma fonction au palais. Je me suis donc levée dès que les premiers rayons du soleil illuminèrent ma chambre. Chambre qui d'ailleurs ne me ressemblait pas le moins du monde. Aucun de mes effets personnels, hormis mon uniforme et mon arme de service, ne peuple mon lieu de repos. J’ai l’habitude de me lever à l’aube avec le rythme militaire auquel on est soumis. Mais cette fois, la sensation est différente. Pour la première fois depuis de longues semaines, je vais enfiler des vêtements civils, simples, sans prétention. Pour une journée je ne serais plus le Lieutenant Azarya Royce, mais juste une femme banale se promenant dans les rues durant une journée normale. Je quitta donc ma chambre impersonnelle, et entama la longue descente des escaliers du palais, menant vers la grande porte principale.
A partir de cet instant, je dévala les rues au hasard, sans vraiment savoir où j'allais, je m'arrêterai simplement lorsque je verrais quelque chose d'intéressant. Et c'est seulement au bout d'une trentaine de minutes passées à écumer les ruelles étroites de Domitia que je trouva mon bonheur. Se trouvait là la grande place de la capitale, réputée pour les nombreuses animations qu'elle accueille. Il se trouva qu'aujourd'hui avait lieu diverses compétitions martiales sur lesquelles les spectateurs pariaient plus ou moins d'argent. Je m'approcha du duel au corps à corps ayant lieu à vingt petit mètres de moi. Je joua légèrement des coudes pour m'attribuer une place de choix, et observa les deux combattants. C'est le genre de "spectacle" que j'apprécie regarder. Non pas par attrait pour la violence, bien que ce soit un excellent moyen de faire le vide, mais regarder un combat est le meilleur moyen pour se perfectionner dans cette compétence. Je resta là encore quelques instants, puis je me détacha de l'attroupement. J’aperçus une petite taverne non loin de là, et décida d'aller y faire un tour. L'alcool n'étant pas vraiment autorisé au sein de la garde, c'est le bon moment pour boire un verre. J'y entra donc, et commanda un bon pichet de bière en m'installant au comptoir. C'était vraiment une bonne journée...  

Je me disais aussi que la journée n'avait que trop bien commencée. J'aimerais avoir un peu plus de chair sur le corps, si cela me permettait d'éviter les hommes. Enfin, vous savez, ce genre d'homme qui est capable de vous tenir la jambe pendant toute une soirée alors même que vous lui dite clairement que vous n'êtes pas intéressée. C'est quelque chose que j'ai déjà expérimenté à plusieurs reprises. L'homme essayant de briller à mes yeux ne m'adresse pas la parole directement. Non, c'est tellement plus remarquable de faire part de ses "exploits" à haute voix, pour que je l'entende, et puisse m'intéresser à lui. Il est bien comme les autres homme celui-là. Mais il s'arrêta au milieu de sa tirade. cette interruption m'intrigue, et je tourne la tête dans sa direction, juste à temps pour voir son regard ébahi. Je le regarde alors avec plus d'insistance, jusqu'à le reconnaître moi aussi. Oui, c'est bien lui... Aucuns doutes là-dessus.
C'est ce même garçon à qui j'ai déjà eu à faire il y à de longues années maintenant. C'était un garçon du cirque, il devait avoir quinze ans à l'époque, et moi seize. Il m'avait accostée, certainement qu'il savait que j'étais la fille d'une des familles les plus importantes de Loxy. Au départ, je le trouvais plutôt sympathique, mais il a après commencé à me draguer avec lourdeur. Et cela s'est plutôt mal terminé entre nous. Nous ne nous sommes jamais revus depuis ce jour, et je n'ai d'ailleurs jamais souhaité le revoir. Et le voilà là. Dans la même ville, dans la même taverne et à la même heure que moi. Je vois surtout qu'il n'a pas changé. Certes il s'est élargit, et est toujours beau garçon d'ailleurs, mais son visage n'a plus l'air naïf et innocent. Non, il a bien un visage de dragueur invétéré. Il doit avoir un beau tableau de chasse à son actif avec ce visage charmeur.

- Tiens, ça fait longtemps. Étrangement, tu ne m'a pas manqué du tout. Es-tu toujours autant attiré par le luxe ? Je ne pense pas que c'est dans cette taverne que tu pourras trouver ton bonheur.

Je lui adresse un regard taquin, qui camoufle mon envie de lui verser mon pichet entier sur le crâne. Rien que de le voir me met en rogne, je ne sais même pas pour quelle raison exactement, après tout, je n'est jamais été éprise par lui.
Je suis prête à quitter la taverne sur le champ si jamais il devient trop entreprenant, ou bien à me défouler un petit coup sur son doux visage, je ne sais pas encore...