An 125 - 91 ème jour:
Cela fait cinq jours que j’escorte ce groupe de prêtresses à travers la campagne. Nous avons rencontré aucun problème en cours de route mais sait-on jamais...c’est bien pour veiller à leur protection qu’elles m’ont embauchées et je sais que tout peut arriver dans ces contrées sauvages. Leur compagnie n’est pas très chaleureuse grand bien me fasse, elles paient bien c’est le plus important. Les paysages que nous traversons en ce moment me rappelle ma terre natale, Allietir. Malheureusement, ces souvenirs ne me sont pas d’un grand réconfort lors de mon voyage.

Ma jeunesse dans le village d'Aigueblanche n’a pas été des plus heureuses. Enfant du pêché, rejeton du démon, appelez ça comme vous voulez, j’étais rien de plus qu’un bâtard. Né de l’adultère d’une femme mariée à un marin et d’un voyageur solitaire, je ne pouvais être reconnu légitimant. En effet, quand le mari de ma mère Debbie, est rentré d’un voyage maritime de plus d’un an et qu’il l’a retrouvé avec un enfant dans les bras, il a décidé de ne pas me reconnaître. Se sentant trahi et bafoué, il révéla le mensonge de ma mère aux autorités. Nous quittâmes le port de Noiront pour nous installer dans les terres, dans un petit village du nom d'Aigueblanche.

Bien vite la nouvelle se répandit que j'étais un bâtard. Je vécu donc dans l’ombre, restant avec ma mère qui me faisait mon éducation. Je ne la reverrait surement jamais ni même mon village natal, c’est pourquoi j’aime m’imaginer lors de mes voyages que je foule à nouveau les plaines d’Allietir.

An 125 - 92 ème jour:
Ce périple n’en finit plus, je suis impatient d’arriver à notre destination, Domitia. Voilà maintenant quatre ans que je n’ai pas revu la capitale d’Eileen. Mon départ avait été précipité et plus que mouvementé. Après mon refus d’être anoblit pour un fait d’arme exceptionnel, je fut banni de la Garde Royale et perdit mon grade de Capitaine.

Mais voilà, je n’ai jamais regretté mon choix, autant celui de sauver cette dignitaire étrangère d’une flèche qui lui était destiné, qui m’a valu le droit de porter un nom. Autant le choix de refuser cette honneur. Peu de personnes comprirent pourquoi j’avais pris cette décision, mais en tant que bâtard, on n’apprend à vivre avec ce fardeau que je considère comme absurde dans un monde qui se dit civilisé.

J’avais mis plus de trente ans à accepter mon sort et on me demandait maintenant de devenir quelqu’un d’autre. Alors oui j’ai rejeté leur offre et me mit à dos une bonne partie de la famille royale dont le Roi en personne qui me chassa hors de sa ville et de son armée. Nous arriverons à destination dans cinq jours et j’ignore encore comment se passera mon arrivée dans la capitale.

An 125 - 94 ème jour:
Hier, rien ne s’est passé d’intéressant. Au contraire d'aujourd’hui, où nous sommes tombé sur un groupe de contrebandiers. Au détour d’un virage dans la forêt à l’Est de la route principale menant à notre destination, quatre hommes armés ont braqué notre humble convoi. Je ne cherche pas à négocier notre passage, c’est peine perdu avec ces gens-là. Et puis le marchandage n’a jamais été une de mes valeurs, peut-être ne sais-je régler mes conflits que par la violence. Me faisant passé pour un homme de foi sans défense, je commença par en neutralisé un par surprise, à l’aide de mes poings. Ombre ne tarda pas à fondre sur un second assaillant, plantant ses crocs dans la chair molle de sa cuisse, ce dernier préféra rester au sol espérant qu’elle lâcherai sa prise, en vain. Pour m’occuper des deux derniers, je du faire appel à mon épée.

Dégainant ma lame dont je ne me sépare jamais et que je possède depuis de nombreuses années, vestige de mes prouesses que j’ai accomplit à l’armée. J’en désarme un assez aisément et le gratifie d’une profonde entaille au ventre qui suffit à le résigner de se battre. Le dernier me donne un peu plus de fil à retordre, parant les coups de sa hache tranchante, je parvint à lui enfoncer ma dague effilée dans l’abdomen. Se débattant encore et toujours, je finit par tourner ma lame pour lui permettre de mieux s’enfoncer. Elle plonge encore et lui transperce le cœur, quelques secondes suffisent pour le sentir perdre ses forces et s’écrouler à mes pieds.

Les prêtresses que j’accompagne sont horrifiés par tant de violence venant de ma personne. Je tente de leur expliquer que je doit faire preuve de la même détermination qu’eux, si je souhaite rester en vie pour continuer à les protéger. Bien que n’ayant pas réussi à leur faire comprendre, nous reprenons notre voyage ensemble. Pendant que j’écris ces lignes en ce moment même, je me remémore les années qui constituent ma carrière militaire et à vrai dire quasiment la majorité de ma vie. Je suis entré dans l’armée de Loxy à l’âge de seize ans, en ne sachant pas manier la moindre arme.

C’est pour cette raison que je du me dépasser bien plus que les autres. À force de persévérance je parvint à me mettre à niveau des autres recrues jusqu’à complètement les dépasser. C’est surement à cette époque et pour cela que je perdit une partie de mon humanité. Mon statut d’enfant illégitime me poussa également à me montrer plus féroce que le reste des unités. Je maîtrisa rapidement les armes blanches mais souhaitant me diversifier j’appris également à me servir d’arme de tir, comme l’arc, la fronde ou l’arbalète. Mais aussi les armes de jet, dagues, stylets et autres haches de lancée. Cette connaissance étendue sur le maniement des armes me permit de devenir instructeur et maître d’arme au sein de l’armée.

Je quitta rapidement les champs de batailles et m’occupa de former les futures soldats. Nombre de recrues passèrent dans mon sillage, mais une de mes rencontres les plus marquantes fut celle avec Melle Royce. Enfant de la noblesse, notre premier contact ne fut pas courtois. Je la prenait pour une enfant gâtée venue s’amuser à faire la guerre parce qu’elle s’ennuyait dans sa belle demeure. Quant à elle, elle me considérait comme un déchet de la société. Mais de fil en aiguille nous changèrent d’avis l’un envers l’autre. Tous deux étions mal venu dans l’armée, elle en tant que femme et moi en tant qu’enfant du pêché. Ce point commun nous rapprocha et je devint rapidement un mentor.

Je découvrit une jeune fille bien plus forte et endurante que la majorité des garçons que j’avais entraîné. Sa fougue la rendait imprévisible et bien qu’elle devait apprendre à la canaliser, c’était surtout sa plus grande force. Mes exploits au sein de l’armée me permit d’entrer dans la garde royale. Je ne souhaitait pas y entrer mais c’est Azarya qui m’y poussa. Elle trouvait que je tournait en rond dans l’armée et que je serais plus utile au sein de la Garde. Et aussi elle pensait que ça me ferait du bien après la mort d’Eleonor. C’est ainsi que j'entrais au service de la garde.

An 125 - 95ème jour:
J’ai encore fait des cauchemars d’Eleonor cette nuit, c’est la quatrième fois ce mois-ci. Mon ange, pourquoi continues-tu de me tourmenter ? Ellie était ma petite fille, elle est morte assassinée il y a douze ans, en même temps que sa mère quand elle avait sept ans. L’histoire est un éternel recommencement. Sa mère était mariée et moi j’étais encore soldat dans l’armée. Elle tomba enceinte, mais contrairement à ma mère elle put prétendre que son enfant venait de son mari, Alexander.

J’acceptai la situation, ne voulant pas qu’Ellie vive ma vie d’enfant illégitime. Je retourna dans l’armée et laissa le soin à sa mère et à son mari, toujours inconscient qu’elle n’était pas sa fille, d’élever Eleonor. Mais Alexander était un escroc qui se mit à dos la pire des vermines du coin. Ce dernier incendia leur demeure, les tuant tous les trois dans leur sommeil. Je quitta temporairement l’armée pour mettre ma terrible vengeance à exécution. Mais ce brigand avait déjà disparu dans la nature. Quand je revint, on me proposa de rejoindre la garde. Cela me permettait de m’éloigner de cette terre maudite où ma fille avait périe.

Après une longue hésitation je me rendit dans la capitale d’Eilleen et me mit au service de la famille royale. Quelques années plus tard, je retrouva ma meilleure élève, Azarya. Nous sommes resté ensemble seulement un an avant que je ne soit banni de la capitale. Demain je serai à Domitia, espérons que mon retour ne soit pas trop remarqué...